Eugène Onéguine. Tchaïkovsky. Opéra de Lille, 2010.                                                                                                                                                                                             Mise en scène Jean-Yves Ruf Direction musicale Pascal Verrot Scénographie Laure Pichat Lumières Christian Dubet  Costumes Claudia Jenatsch Assistanat Mise en scène Lucie Berelowitsch

Eugène Onéguine de Tchaïkovski est un chef d’œuvre d’une tendresse musicale et d’une sensibilité extrême. Tchaïkovski adapte en musique le roman intimiste de Pouchkine, bijou de finesse, d’amour et de haine, de bonheur et de désespoir sur fond de traditions russes, d’une valse envoûtante, d’un duel saisissant, et surtout d’une atmosphère intimiste.

Eugène Onéguine fait basculer les destins. À peine croise-t-il le regard de Tatiana qu’elle tombe amoureuse et lui écrit une lettre fatale dont elle ne se remettra jamais. Pour un conflit qu’il sait stupide, il provoque en duel son ami Lenski et le tue. Après l’exil Onéguine retrouve Tatiana dont il tombe éperdument amoureux, mais il est trop tard.

 Un rêve entre nostalgie et passion ardente.

La scénographie suit les états d’âme et les sentiments de Tatiana. Le spectateur traverse alors trois tableaux qui permettent de dégager trois espaces sensoriels aux atmosphères différentes.

Chez les Larine, l’espace s’attache à traduire une ambiance de rêverie féminine, sensuelle où l’on chante l’amour. L’ambiance est douce et laiteuse la lumière filtre à travers plusieurs plans de tenture en mousseline de soie couleur craie. La vision est rendue floue par cette succession de voilages et cela augmente la part du rêve, de douceur tout en structurant en plusieurs plans l’espace. Ces différents plans de voilages jouent avec la transparence et accompagnent le regard jusque dans un patio extérieur où il y a un bassin d’eau. Cette pièce d’eau permet d’accompagner la rêverie et de se rafraîchir.

Le duel est un espace qui vient en rupture avec le rêve et la douceur de la maison des Larine. Le changement de décor se fait à vue, les voilages disparaissent et le linteau du patio descend pour fermer l’espace. L’espace est complètement nu et brut.

Chez le Prince Grémine, on retrouve la même structure d’espace que chez les Larine. Trois plans de voilage en mousseline de soie noire scandent l’espace, l’arrière scène s’ouvre sur une grande table de banquet. Ces voilages accompagnés de deux grands lustres transcrivent la démesure de cette demeure princière et laisse un goût de maison trop grande pour Tatiana, maison où le mal être et la nostalgie se sont installés.